Une étude de référence sur les formes d’utilisation possibles de tiges de cotonnier réalisée en 2016 au Togo par l’ITRA à travers le projet VATICOPP/CORAF/UEMOA a montré que 52 % des cotonculteurs enquêtés valorisent diversement les tiges de cotonnier alors que 48 % n’en font aucun usage et leurs tiges sont détruites.
Concernant les tiges valorisées, 41,5 % de tiges sont utilisées comme bois de chauffe, 22,7 % comme éléments fertilisants, 22,7 % comme aliments pour bétail, 11,3 % sont vendues par les producteurs et 1,9 % de tiges sont utilisées comme matériaux de construction.
Les 48 % non valorisées sont détruites au champ et en général par brulage. En effet, étant bien lignifiées, les tiges de cotonnier se décomposent lentement sur les parcelles sous l’effet des termites et des microorganismes ce qui fait que les producteurs trouvent mieux de les détruire rapidement en le brûlant.
«L’incinération des tiges a comme conséquence, la perte d’éléments fertilisants qui partent en fumée. La cendre restante de la combustion est facilement transportée hors des parcelles par les vents ou la pluie et là aussi, il y a une perte d’éléments minéraux,» clarifient les chercheurs de l’ITRA spécialisés sur le cotonnier basés au Centre de Recherche Agronomique Savane Humide (CRASH) de Kolokopé.
Sur le plan environnemental, l’équipe de recherche signale que l’incinération des tiges peut rejeter plusieurs gaz comme le monoxyde de carbone, les oxydes d’azote et des particules fines nocives à la santé humaine et animale.
Dans la diffusion des bonnes pratiques agricoles, l’ITRA à travers le programme coton recommande l’utilisation des tiges pour le compostage avec ou sans utilisation d’un activateur pour la décomposition des tiges. Mais cette pratique demande beaucoup de patience.
« Les tiges peuvent être valorisées pour la fabrication des panneaux de particules et augmenter la rentabilité de la filière. Dans le cadre du projet VATICOPP, les institutions de recherche l’ITRA, INRAB (Bénin) et IER (Mali) ont ensemble développé et testé la technologie de transformation des tiges de cotonnier en panneaux de particules communément appelés contreplaqués, » renseignent les chercheurs du CRASH.
Tous le paramètres techniques nécessaires à la production de panneaux de particules à base de tiges de cotonnier sont déterminées, notamment la technique de récolte et de conservation de tiges, le broyage et tamisage en fines particules, le mélanges particules tamisées et liants, la température de chauffage et la pression de plaques chauffantes, la durée de pressage selon les épaisseurs de panneaux à produire.

Des unités pilotes de panneaux de particules acquises dans le cadre de ce projet ont servi à produire des panneaux qui ont permis de réaliser des portes, des chaises, des tableaux, des bibliothèques, des tablettes, des bureaux, etc.
Tous ces meubles ont été présentés à des journées portes ouvertes au CRASH Kolopé, au Forum du paysan togolais à Kara et à la foire agricole à Anié.
«Sur la base de 2400 kg de tiges de cotonnier produites par hectare, le Togo peut disposer d’au moins 300.000 tonnes de tiges. Avec cette quantité, on peut produire plus de 22 millions de panneaux de particules de 4 mm, ou 11 millions de panneaux de 9 mm,» déclarent les chercheurs.
L’équipe estime que si la technologie de transformation de tiges en panneaux de particules développée par le projet VATICOPP passe à l’échelle avec l’installation d’unités industrielles de production, les performances de la filière cotonnière seraient améliorées avec une plus-value aux producteurs à travers l’achat des tiges. Ceci est un appel à manifestation d’intérêt pour ce genre d’industries.
Contact: bassarouayeva@yahoo.fr